mercredi 22 décembre 2010

Interprétation d'un rêve d'adultère

RÊVE D'ADULTERE


1- RECIT DU RÊVE :

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 "Je suis dans une vieille maison délabrée, semblable à celles que l'on peut voir dans un film d'horreur. J'ai l'impression que le temps a cessé de s'écouler et j'éprouve un sentiment d'inquiétante étrangeté : j'ai à la fois l'impression de très bien connaître ce lieu et de n'y avoir jamais mis les pieds. Mon regard est attiré par deux fenêtres entrebâillées aux volets vétustes. Soudain un volatile macabre qui me fait penser à un corbeau traverse la pièce en me regardant d'une façon qui me pétrifie. J'entends des cris ou des gémissements étranges provenant d'une pièce située à l'étage. Arrivée devant la porte, je l'entrouvre et vois d'abord une magnifique bibliothèque vitrée comprenant de nombreux ouvrages de droit dont certains étaient très anciens. Puis je vois un lit sur lequel mon mari actuel et une femme que je ne connais pas se livrent à un acte sexuel."
2- CONTEXTUALISATION :

Je suis une femme de 45 ans. Mère au foyer, je garde occasionnellement des enfants à mon domicile contre rétribution. En 1990, j'avais alors 25 ans, j'ai rencontré mon premier mari que j'ai épousé après un an de concubinage. Une année après notre mariage j'ai eu un enfant. Mais la mésentente s'est progressivement installée et au bout de 4 ans la discorde était telle que nous avons divorcé. A 34 ans je me suis retrouvée seule avec un enfant de 4 ans. En 1999 j'ai fait la connaissance d'un homme à l'occasion d'un salon d'exposition . Nous nous rencontrions de façon plus ou moins régulière jusqu'à ce qu'un jour il me demande de l'épouser. J'ai longtemps hésité avant d'accepter. Nous nous sommes mariés en 2002. Ma nouvelle vie de couple, qui dure maintenant depuis près de 8 ans, me satisfait dans l'ensemble. J'ai fait ce rêve il y a quelques semaines et aujourd'hui encore il garde toute sa fraîcheur comme si je l'avais fait la nuit dernière alors que j'oublie aisément la plupart de mes rêves.

3- INTERPRETATION :Afficher l'image en taille réelle
                                                                   
a- "Je suis dans une vieille maison délabrée, semblable à celles que l'on peut voir dans un film d'épouvante" :

La maison de votre rêve est, comme on va le voir, la représentation de votre propre personne et plus précisément de votre intériorité la plus intime. Comment la maison en vient-elle à symboliser la personne humaine ? Beaucoup de personnes pensent que sans abri on n'est rien. On va d'ailleurs jusqu'à qualifier certaines gens de sans domicile fixe. On dit en effet : " Il est sans domicile fixe " comme l'on dirait : " Il est gentil, aimable..." Ainsi, de même que la gentillesse et l'amabilité définissent les propriétés de la personne elle-même, le fait d'être dépourvu d'habitat est perçu comme une caractéristique intrinsèque de la nature de la personne dont on parle : la gentillesse, l'amabilité, la maison ne sont pas des choses que l'on a mais des choses que l'on est. De plus, quand on est victime d'un cambriolage on a tendance à parler de violation de domicile; or quand une personne a été abusée sexuellement elle dit avoir été violée.
La maison est donc bien identifiée à la personne. Transposition du corps abritant l'âme, la maison est l'enveloppe extérieure  qui contient le trésor figuré par la famille ou la communauté. Dans le Coran, "La Maison" désigne la mosquée sacrée, La Kaaba. Or la personne elle-même est pour ainsi dire sacralisée par de nombreuses civilisations : en effet elle n'est pas considérée comme un simple objet que l'on pourrait utiliser à sa guise. Elle n'est pas un moyen mais une fin, on n'a pas le droit d'y toucher comme on touche n'importe quel objet. Le toucher dans la vie quotidienne est d'ailleurs dans certaines situations perçu comme une atteinte à l'intégrité de la personne au point qu'il peut nous entraîner à présenter des excuses à le personne que l'on a touchée accidentellement ou non. Nous réservons aussi à certaines personnes le privilège de nous toucher. La personne humaine est, comme les réalités sacrées, un être que l'on ne peut toucher à sa guise sans la profaner.
La maison est donc bien dans votre rêve l'allégorie de votre personne comme elle l'est de la personne en général. A ce sujet on peut encore signaler certains rites très instructifs concernant la maison : la maison est le lieu sacré et délimité. Elle est perçue comme le corps contenant l'âme de l'individu ou de la famille et, comme lui, elle doit être baptisée afin de la prémunir contre les forces obscures qui pourraient la contaminer. Selon la pensée magico-religieuse, de la même façon que les démons peuvent prendre possession du corps et pénétrer l'enveloppe du physique, ils peuvent investir la maison. La maison de votre rêve est donc bien la figuration de votre personne en ce qu'elle a de plus singulier. La maison est effectivement le révélateur de notre être. La comparaison symbolique de la maison renseigne sur notre état, elle nous fait savoir comment nous nous portons intérieurement aussi bien qu'extérieurement. L'activité imagée de l'âme se sert de la maison, de la façon de tenir le ménage, pour représenter notre corps et ce qui s'y passe. Il n'y a rien d'étonnant à cela quand on songe que chacun choisit sa maison et l'aménage à sa propre image, selon ses propres goûts. La personnalité de chacun est donc bien extériorisée, objectivée, matérialisée dans sa maison. Si l'on sait lire dans l'architecture on y lira donc la description du caractère de l'architecte.
La maison de votre rêve présente donc une configuration, une architecture, une "décoration d'intérieur" qui reflète la personnalité de son architecte, c'est-à-dire vous-même. Si la maison est bien le symbole de la personne alors il faut s'attendre à ce que, par ses composants, elle représente les différents niveaux de l'être : dans votre rêve on ne voit pas le corps de bâtiment, la façade de la maison; il n'est donc pas question ici, essentiellement du moins, de votre personnage social. Vous ne parlez pas à ce stade des chambres; il n'est donc pas encore question ici de votre sexualité, de votre moi intime. Il n'est pas non plus question du toit, votre rêve n'a donc pas encore trait à votre intellect, votre surmoi, autrement dit votre conscience morale. On a plutôt l'impression d'être dans une pièce sordide, glauque, lugubre et sinistre. Vous insistez d'ailleurs sur le côté délabré et épouvantable de ce lieu. On est donc en droit d'y voir l'inconscient en raison de la ressemblance de ce lieu avec une cave ou grenier. L'inconscient doit être entendu ici comme le réservoir des instincts fondamentaux que l'homme hérite de sa nature animale : pulsions, libido, instinct de mort. Chargé fortement d'énergie psychique, il tente d'envahir la conscience claire mais rencontre des résistances d'origine sociale ou morale qui le censurent, le refoulent et ne lui permettent le plus souvent de s'exprimer que dans des formations imaginaires de compromis ( rêves, actes manqués, névroses ) que la psychanalyse s'efforce de déchiffrer.
Dans cette première partie de votre rêve nous voyons donc une part importante de votre personnalité psychologique symbolisée par les pièces qui, dans une maison,sont réservées au rebut et plus précisément aux choses dont on ne se sert pas mais dont on refuse ou dont on ne peut se séparer définitivement. Ce rebut dans la maison correspond au refoulé dans votre âme. La vieille maison symbolise ici ce qu'il y a d'archaïque et d'impérissable dans votre inconscient, ce que vous ne pouvez éradiquer car il est constitutif de votre nature et continue de ce fait d'exercer son influence sur votre présent. La deuxième partie de votre rêve va confirmer cette première interprétation.

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b-"J'ai l'impression que le temps a cessé de s'écouler et j'éprouve un sentiment d'inquiétante étrangeté car j'ai l'impression à la fois de connaître parfaitement ce lieu et de n'y avoir jamais mis les pieds"
:

Le temps est l'une des dimensions de l'Univers selon laquelle semble s'ordonner la succession irréversible des phénomènes. Il n'est pas à proprement parler une grandeur physique. Il constitue plutôt, au même titre que l'espace, une grandeur par rapport à laquelle le monde évolue. Il est intéressant de noter que, comme il est impossible de réaliser un étalon de temps, la mesure du temps doit être rattachée à un phénomène simple qui se reproduit périodiquement. L'unité de temps du système SI est la seconde, qui es définie à partir des vibrations de l'atome de césium. La seconde est définie légalement comme la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133. On voit donc que le temps n'est pas une propriété intrinsèque des phénomènes naturels, propriété que l'homme découvrirait dans la nature comme il découvre les minéraux ou les végétaux; cette définition du temps montre qu'il est la création d'une conscience pensante qui assigne une durée aux phénomènes qu'elle perçoit. Or, la durée suppose un début et une fin. Ce qui est dans le temps n'est donc pas dans l'éternité; c'est même plutôt l'éternité qui est dans la nature (ou la nature qui est éternelle, ce qui est la même chose) puisque le temps, et donc la durée, n'existe que dans la conscience qui le pense (et qui ne le pense que parce qu'elle le crée).
Approfondissons cette question afin de mieux établir que le temps est absent de votre rêve car il n'est qu'une illusion créée par et pour une conscience pensante :
cette table existe; donc elle n'est pas rien; elle est quelque chose; on admet donc que ce qui existe est quelque chose mais n'est pas rien. Si le rien existait il serait quelque chose, tout comme la table, et ne serait donc pas rien. Donc le rien ne peut exister si on le définit comme l'absence de toute chose puisqu'il ne peut exister qu'en tant que chose, comme toute chose. Donc le rien n'a jamais existé et n'existera donc jamais. Donc il a toujours existé et il existera quelque chose. Le Big Bang, à supposer qu'il ait existé, n'est donc pas le premier moment dans la création de l'univers si par "premier moment" on entend celui que rien ne précédait. Ce premier moment ne pouvait être précédé de rien puisque le rien ne peut exister. Donc le big bang fut précédé de quelque chose et ce à l'infini. On peut mesurer la durée d'une chose au moyen du temps, par exemple on dit : "Cela fait une heure qu'il est là". Le temps est-il alors une chose différente de celles qu'il sert à mesurer ? Si le temps était une chose au même titre que les autres, il serait mesurable comme elles. Il y aurait alors un temps servant à mesurer le temps et ce à l'infini. Cela est donc impossible. Le temps n'existe donc pas indépendamment des choses. Il n'est donc pas une chose au moyen de laquelle on mesure la durée d'autre chose, comme un chtonomètre sert à mesurer la durée d'un parcours. Le temps est la durée des choses. Voir une chose c'est la voir durer. Son existence n'est pas différente de son temps sans quoi elle pourrait exister sans avoir de durée, ce qui est impossible puisque toute chose qui existe a une durée, non pas comme une propriété qui lui serait ajoutée secondairement et qui en serait séparable (le verbe "avoir" peut ici induire en erreur quand on dit "toute chose a une durée") mais tout chose a une durée dans la mesure dans la mesure où celle-ci ne lui est associée que par un esprit qui perçoit cette chose. Autant dire alors que la durée n'est pas une réalité absolue mais, tel l'horizon dont on a parlé, une réalité relative au seul sujet percevant les choses comme durant pour lui.
Toute chose qui existe a-t-on dit a une durée et réciproquement toute durée est durée d'une chose, sans quoi on pourrait mesurer la durée de ce qui n'existe pas, à savoir le rien. On veut dire par là que si la durée était indépendante des choses qui durent, comme par exemple une table est différente et indépendante d'une chaise, ou un crayon différent et indépendant d'une voiture, on pourrait définir la durée sans jamais se référer aux choses distinctes d'elle, comme on peut parfaitement définir tel arbre sans se référer à un vélo. Or il est impossible de définir la durée indépendamment des choses qui durent puisque seules les choses durent et non la durée. Donc durée et choses, temps et choses sont inséparables, ils sont identiques, ils sont une seule et même chose. Le temps n'est donc qu'une abstraction pour un être pensant qui prend conscience de l'existence des choses. Le temps est pour une chose ce que la forme d'une chose est pour cette chose. Par exemple un ballon de rugby est ovale, une boule de pétanque est ronde...On ne peut pas plus séparer une chose de sa durée qu'on ne peut la séparer de sa forme. Le temps est à une chose ce que la forme d'une chose est à celle-ci, avec cette réserve importante cependant : c'est l'esprit percevant qui projette la durée dans les choses tandis que la forme d'une chose est indépendante de cet esprit (à l'exception des formes résultant de la perspective, de l'angle sous lequel une chose est perçue; ces formes elles-mêmes, comme la durée et le temps n'existent que pour l'esprit qui perçoit). Mais dans les deux cas la chose est imperceptible sans sa forme et sa durée. On peut certes objecter que la forme d'une chose est indépendant de celle-ci en disant que l'on peut représenter une forme (ovale, carré, rond...) au moyen d'un dessin. Mais cette objection est irrecevable car le dessin représentant une forme reste une chose à part entière au même titre que n'importe quelle autre chose. En effet un ballon de rugby sert à jouer, il est donc un objet que l'on utilise et sa forme est liée à sa fonction; il n'est donc pas une forme pure, la forme ovale. Si l'on dessine maintenant la forme ovale sur le papier, celle-ci servira à désigner tout objet ovale. Cette forme, comme le ballon, sert à quelque chose. Or le ballon n'est pas une forme pure, donc la forme dessinée n'est pas non plus une forme pure ce qui prouve bien que forme et objet sont inséparables. Quand bien même on inventerait des formes géométriques uniques, elles ne seraient pas les formes de rien sous prétexte que nul objet ne leur correspond. Elles sont les formes des pensées qu'elles représentent et matérialisent et que l'on met sur le papier en vue d'en étudier les propriétés mathématiques. Elles ont donc une finalité, elles sont des choses et non des formes pures. Le temps n'existe pas en soi, indépendamment des choses sous prétexte qu'on le représente au moyen d'un sablier. Le rond que je dessine est un dessin qui a la forme du rond que je pense sous forme d'abstraction résultant elle-même de la pluralité des choses ovales ou circulaires que j'ai perçues. Le temps n'existe donc pas plus que le néant. On vit donc sous le règne absolu et éternel de la plénitude. Le temps n'est en effet que l'abstraction émanant de la multiplicité des durées particulières perçues dans les choses qui existent et durent. On appelle réification cette opération mentale consistant à transformer en substance ou choses indépendantes, des êtres qui n'existent que sous forme de relation. Le temps n'existe pas. Durer c'est exister. Chercher à remonter le temps est donc illusoire. Mais si le temps n'existe pas et s'il ne peut y avoir d'"avant" et d'"après" que dans le temps, alors il n'y a ni passé ni avenir. Ne vivons-nous alors que dans l'instant ? Mais l'idée d'instant elle-même présuppose le temps puisqu'elle est le présent qui ne se conçoit pas lui-même sans le passé et l'avenir, quand bien même on parlerait d'un instant passé. L'idée même de durée suppose le temps puisqu'elle est ce par quoi nous assignons à une chose un fragment de temps dans le temps universel et infini. La durée n'existe donc pas plus que le passé, le présent, l'instant et le futur. Ce qui EST  existe sans durer. Et nous arrivons à ce paradoxe qu'à la fois il existera toujours quelque chose mais que l'éternité n'existe pas. Mais ce paradoxe n'est qu'apparent si l'on ne conçoit le réel que comme un point en devenir éternel sans passé, ni présent, ni futur. Quand nous disons que l'éternité n'existe pas, nous entendons par là qu'elle ne peut exister si on la définit comme une durée temporelle différente des choses. L'éternité en tant que temps absolu n'existe pas. Mais comme il existe nécessairement quelque chose, puisque le rien n'existe pas, alors ce sont ces choses qui existent indéfiniment. On peut alors parler d'éternité si par éternité on entend uniquement l'existence des choses. A ce titre, si l'éternité n'est prise que comme synonyme d'existence indéfinie des choses alors l'éternité existe.
Dans votre rêve vous avez l'impression que le temps a cessé de s'écouler. Cela signifie que vous réussissez à percevoir en rêve votre nature psychique indépendamment de cette construction artificielle qu'est le temps au travers duquel nous observons quotidiennement les phénomènes comme des réalités qui durent, ce qui nous porte à croire à tort qu'ils sont voués à l'extinction. Si le temps n'est effectivement que la création d'une conscience pensante (humaine, animale ou végétale, peu importe), alors cette même conscience a existé et existe actuellement en elle-même hors du temps mais elle a l'illusion d'être temporelle, finie et mortelle car elle est prisonnière de sa propre illusion. Mais en ce qui vous concerne, dans votre rêve vous parvenez à vous abstraire de ce cadre temporel dans lequel se déroulent vos opérations mentales à l'état de veille et vous appréhendez votre intériorité psychique dans son authenticité originelle, antétemporelle, en tant qu'entité éternelle puisqu'elle n'est pas dans le temps et que seul périt ce qui est dans le temps. On a vu en effet que le temps est le pur produit d'une pensée humaine puisque c'est l'homme qui crée l'étalon de sa mesure à partir des vibrations de l'atome de césium. On en a déduit que le temps n'est pas dans la Nature comme les arbres ou les montagnes. Or, notre esprit est dans la Nature comme les arbres et les montagnes. Donc notre âme est bien éternelle. Et c'est précisément cette éternité qui vous apparaît en rêve sous la forme de l'absence d'écoulement de temps. Vous pourriez objecter : " Le temps est dans notre conscience; notre conscience est dans la nature; ce qui est dans la nature est éternel; donc le temps est éternel, ce qui est contradictoire." On peut vous répondre que pour une conscience il y a des choses subjectives, qui n'existent que pour elle, et des choses objectives, qui sont indépendantes d'elle. Ainsi, l'horizon que nous voyons n'existe que pour nous. Il se définit en effet comme la ligne circulaire dont l'observateur est le centre et où le ciel et la terre semblent se joindre. On voit que la définition de ce phénomène qu'est l'horizon fait intervenir la conscience qui observe, ce qui prouve déjà assez que l'horizon n'existe pas sans elle; par ailleurs cette définition stipule que la terre et le ciel "semblent se joindre", ce qui révèle encore que cette jonction n'est pas dans la nature mais dans l'esprit seul. Ce n'est pas parce que la jonction du ciel et de la terre est dans l'esprit et que l'esprit est dans la nature, que la jonction est dans la nature, hors de l'esprit come les montagnes. Ce n'est pas non plus parce que le temps est dans l'esprit, qui lui-même est dans la nature, que le temps est dans la nature, hors de l'esprit comme les montagnes. Le temps est dans, ou pour, l'esprit, comme l'horizon. Et de même qu'en se déplaçant on peut finir par voir un paysage libéré de l'illusion qu'est l'horizon, on peut, comme vous le faites dans votre rêve, voir notre intériorité libérée de la temporalité en réussissant à nous abstraire du temps qui nous la faisait voir comme éphémère alors qu'elle est éternelle. Si nous sommes impérissables c'est que fondamentalment nous sommes restés identiques. C'est précisément parce que vous percevez cette identité, cette immuabilité qe vous avez l'impression, par ailleurs fondée, que le temps a cessé de s'écouler : vous vous êtes replongée dans votre inconscient dont le contenu est impérissable.
S'il n'y avait pas en nous une substance impérissable, il faudrait admettre qu'à certaines périodes de notre vie nous sommes devenus radicalement autres et que nous sommes aujourd'hui, à l'égard de la personne que nous étions hier, come une autre personne par rapport à nous-même. Si cela était le cas, comment expliquer la persistance en nous de certaines tendances depuis notre âge le plus tendre ? Aujourd'hui, nos sentiments de tendresse ou d'inimitié envers nos parents, nos frères et soeurs, nos amis ne seraient-ils pas inexplicables si on ne les rattachait pas à nos années les plus lointaines ? Ce simple fait prouve donc bien l'existence d'une continuité entre ce que nous étions et ce que nous sommes et par conséquent plaide en faveur de l'existence d'une substance immuable qui nous constitue et qui, à ce titre, est bien pérenne, hors du temps, éternelle.
Mais si dans votre rêve vous avez renoué avec votre nature profonde, si vous avez retrouvé ce que vous êtes véritablement et n'avez jamais cessé d'être, pourquoi éprouvez-vous ce sentiment d'inquiétante étrangeté et pourquoi avez-vous l'impression d'ignorer et de connaître parfaitement ce lieu ? Cela tient précisément à la nature même de l'inconscient : l'inquiétante étrangeté est ce sentiment d'effroi, de peur, d'angoisse, d'effrayant qui se rattache à des choses que l'on connaît depuis longtemps et qui nous sont familières. Ces choses sont constituées par notre refoulé, autrement dit tous les désirs jadis éprouvés mais que nous avons été contraints d'"étouffer" sous la pression de l'éducation, et sur lesquels depuis, en tant que refoulés, a été déposée la chape de plomb de l'oubli volontaire. Ainsi, en les revoyant, on croit sincèrement les ignorer puisqu'ils sont oubliés, mais en tant que refoulés on sait qu'on les connaît, d'où cette impression contradictoire de connaître ce que l'on ignore, et cette sensation d'effroi indéterminable due au fait de se retrouver face à l'interdit et au répréhensible qui nous constitue. L'inquiétante étrangeté apparaît, dans la vie réelle ou dans le rêve, quand des complexes archaïques et refoulés sont ravivés par des événements extérieurs. C'est aussi de cette manière que s'explique l'impression de "déjà vu" que beaucoup de personne connaissent et qe l'on retrouve dans votre rêve. Sigmund Freud relate, dans la Psychopathologie de la vie quotidienne le cas suivant pour expliquer ce phénomène : une jeune fille avait un frère malade dont elle a secrètement souhaité la mort. Plus tard, devenue femme, elle se rend chez des amies ayant aussi un frère  malade. Cet événement ravive en elle son désir de mort refoulé contre son frère. Pour étouffer ce désir elle déplace sur toutes les pièces de la maison de ses amies la sensation de souvenir : la certitude qu'elle a d'être déjà venue dans cette maison, alors qu'elle n'y a jamais mis les pieds, est en réalité l'expression de la certitude d'avoir eu elle-même un jeune frère malade et d'avoir souhaité sa mort. Puisque le sntiment d'inquiétante étrangeté et l'impression de déjà vu dans votre rêve se ramènent au fond à un même fait : ils sont l'évocation de souvenirs refoulés contre lesquels vous vous protégez mais que votre rêve vous contraint à vous remémorer, il faut chercher quels sont ces souvenirs qui provoquent votre vive réticence et votre réprobation. Vous indiquez que la veille du rêve vous avez regardé une émission télévisée consacrée au divorce. L'un des reportages présentait le cas d'une jeune femme : son divorce fut prononcé aux torts de son mari, elle a eu la garde des enfants et le père doit leur verser des pensions alimentaires. Enfin, son époux a été condamné à lui verser des dommages et intérêts conséquents pour les violences conjugales qu'il lui a infligées. Ce documentaire vous a rappelé votre propre divorce ainsi que les bienfaits matériels et psychologiques qui l'ont accompagnés. Mais à ce stade de votre rêve on ne comprend toujours pas pourquoi ces souvenirs sont accompagnés des sentiments d'inquiétante étrangeté et d'épouvante. Tout ce que nous appris l'analyse des deux premières parties de votre rêve c'est qu'un événement particulier de la veille, une émission télévisée consacrée au divorce, et en particulier au dénouement heureux de l'un d'eux, vous a rappelé le votre ainsi que le mieux-être auquel il a donné lieu. Mais on ne s'explique pas le côté sinistre et lugubre des deux premiers moments du rêve. Peut-être que la suite du rêve va nous éclairer sur les rapports entre ces faits.
Quels contenus refoulés le souvenir de votre divorce, provoqué lui-même par l'émision télévisée de la veille, a-t-il réactivé ?
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c- "Mon regard est attiré par deux fenêtres entrebâillées aux volets vétustes" :
On a vu que la maison est le symbole du corps humain. Si toutes les fenêtres d'une maison sont fermées, c'est l'obscurité totale. Si elles sont toutes ouvertes, c'est la luminosité maximale. On peut par la suite imaginer tous les degrés d'ouverture possibles. Si la personne ferme toutes ses "fenêtres" sur elle-même elle peut être extrêmement introvertie, voire autiste. Si toutes ses "fenêtres" sont béantes elle peut être excessivement extravertie et expansive. La fenêtre remplit donc manifestement le rôle de mise en relation entre le dehors et le dedans, l'extérieur et l'intérieur, qu'il s'agisse d'une personne ou d'une maison.
Dans votre rêve les fenêtres sont entrebâillées, légèrement entrouvertes. Elles représentent donc bien votre degré d'ouverture à votre monde extérieur et à votre monde intérieur. Vous dites d'ailleurs être très distante dans vos rapports à autrui, trier sur le volet vos connaissances et filtrer soigneusement les informations vous concernant au point que votre etourage vous décrit come une personne énigmatique et impossible à cerner. Ces deux fenêtres entrebâillées nous informent encore sur votre rapport à vous-même : vous êtes dans votre rapport à vous-même comme dans votre rapport aux autres. Vous n'êtes pas très portée sur l'introspection, c'est-à-dire l'observation intérieure de vous-même, non parce que vous en seriez incapable mais bien parce que vous craignez d'en découvrir trop sur vous-même, de même que vous redoutez que les autres n'en apprennent trop sur vous au travers de vos discussions dont vous distillez précautionneusement le contenu. Or, on ne cherche à dissimuler que les choses dont on sait pertinemment qu'elles sont répréhensibles. Ainsi, l'ouverture sur votre intériorité psychique n'est exiguë que parce que la connaissance que vous en avez est vaste. Quand on
tourne le dos à une réalité quelconque parce qu'on la juge exécrable, on finit effectivement par ne plus rien voir précisément parce qu'on a tout vu. Les fenêtres de otre rêve sont au nombre de deux, ce qui n'est pas sans faire penser aux yeux. Enfin, vous avez souligné la vétusté des volets de ces fenêtres. Cela signifie que cette attitude à l'égard des autres et de vous-même dure depuis bien longtemps mais qu'en même temps elle vous rend vulnérable et vous expose à un danger qui peut être imminent, quelle que soit par ailleurs la nature de ce danger. Ce qui est vétuste est en effet ce que le temps a fini par dégrader et détériorer au point de le fragiliser. Mais ce qui va peut-être nous rapprocher de la réponse à la question que l'on s'est posée à l'issue de l'interprétation de la deuxième partie de votre rêve ("Quel contenu refoulé le souvenir de votre divorce (...) a-t-il réactivé ?") c'est l'autre signification de la fenêtre, intimement liée à la première : l'interprétation sexologique considère la fenêtre comme un symbole de la virginité. Ouvrir une fenêtre c'est déflorer. D'ailleurs, une tradition fort répandue consistant, lorsqu'une femme accouche, à ouvrir portes et fenêtres pour faciliter la délivrance en est un témoignage direct. Si les fenêtres entrebâillées, aux volets vétustes, symbolisent l'étroitesse de vue et les oeillères que vous vous imposez volontairement depuis longtemps pour ne plus voir ce qui en vous vous répugne, elles symbolisent aussi ce que vous voyez par ces fenêtres, à savoir des faits relatifs à la sexualité que vous avez pris soin de taire dans le récit préliminaire du rêve mais que vous jugez nécessaire de dévoiler maintenant car vous reconnaissez ici leur manifestation latente. Vous dites que votre premier mariage ne fut pas, au fond, dicté par l'amour. Vous n'avez jamais été à proprement parler amoureuse de votre fiancé qui devait devenir votre mari. Vous avez souvent, pour ne Afficher l'image en taille réelle
pas trahir votre affectation, accentué artificiellement vos émotions. Avant votre mariage, à l'âge de 25 ans, vous n'avez connu que des amours platoniques mais jamais de relations sexuelles; celles-ci vous paraissaient rebutantes. Vous affirmez même vous être résignée "stoïquement" à la sexualité et vos rapports vous paraissent "insipides" selon vos propres mots.
Ainsi, le contenu refoulé et réactivé par les événements de la veille correspond à la façon dont vous avez vécu votre sexualité avec votre premier mari. Vous n'avez pas toujours reconnu en vous l'existence de ce rejet de l'érotisme. Vous avez l'impresson que l'instabilité de votre vie conjugale était due à la fragilité de ses fondations amoureuses et que seul le manque de solidité de celles-ci donnait au moindre incident une proportion démesurée. On peut même se demander si certaines disputes avec votre premier mari ne furent pas volontairement créées par vous afin de provoquer la rupture définitive d'un lien matrimonial qui excédait.
La suite de votre rêve semble bien aller dans ce sens.

d- "Soudain, un volatile macabre qui me fait penser à un corbeau traverse la pièce en me regardant d'une façon qui me pétrifie" :                                                                                         

Universellement considéré comme de mauvais augure, le corbeau, serviteur des forces obscures, est le symbole de la malédiction. Oiseau prophétique, il est regardé comme apportant le malheur, la maladie, voire la mort. Sa couleur noire participe de son symbolisme négatif en l'associant aux ténèbres, au cloaque et au néant. L'opposition de la blanche colombe et du noir corbeau est une transposition allégorique répandue de l'antagonisme entre les forces positives et négatives tel qu'on l'observe d'ailleurs dans votre rêve : on a en effet d'une part les puissances refoulées négatives qui s'efforcent d'émerger tant bien que mal et qui sont incarnées par le corbeau; d'autre part les forces refoulantes qui les répriment et les brident, et qui sont représentées par les fenêtres entrebâillées. Dans la formation de votre rêve votre esprit utilise encore une symbolique relevant de l'inconscient collectif. En effet, exception faite des mythes scandinaves, le symbolisme négatif attribué au corbeau est généralisé à l'ensemble des cultures et des époques. Selon la Bible et le Coran c'est le corbeau qui montre à Caïn commen gratter la terre pour cacher le corps d'Abel. D'une certaine façon, le corbeau de votre rêve est la personnification de vos désirs réprimés qui vous montrent comment gratter la terre de votre vie quotidienne, autrement comment agir dans votre vie de tous les jours, pour "cacher" (vous séparer) le corps de votre mari (Abel) et celui de tous les hommes que vous rencontreriez car c'est seulement de cette façon que vous mettrez fin à votre détresse psychique. Inconsciemment vous avez fait vôtre cette pensée : "Facile à vivre est la vie de celui qui est sans honte, qui est impudent comme le corbeau, médisant, hardi, arrogant et corrompu"
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(Dhammapada, 244). Le corbeau est ainsi associé au premier meurtre, au fratricide et à la mort. L'une des histoires légendaires, qui apporte l'éclairage le plus significatif sur sa malédiction, et qui n'est pas sans faire penser à votre propre histoire, nous relate les amours contrariées de Coronis et d'Apollon : Coronis, ravissante mortelle, conquit bien malgré elle le coeur capricieux d'Apollon. Ils eurent une relation ardente mais dont la briéveté n'empêcha pas, bien au contraire, le dieu solaire de s'éprendre follement de Coronis. La jeune fille, de son côté, bien que sous le charme, fut suffisamment avisée pour anticiper un avenir qui ne manquerait pas de la faire cruellement souffrir. En effet, alors que le plus beau des dieux resterait éternellement jeune, elle vieillirait et serait bien vite abandonnée. Aussi, quoique se sachant enceinte d'Apollon, Elle lui préféra un mortel. Apollon, lorsqu'il apprit la nouvelle, entra dans une rage folle. Son courroux se tourna d'abord contre le malheureux messager, qui n'était autre que le corbeau. Dans un mouvement de colère désespérée le dieu maudit l'oiseau dont le plumage, jusque là d'un blanc éclatant, devint aussitôt d'un noir absolu. Puis, sa folle jalousie n'ayant trouvé aucun apaisement dans le châtiment infligé au corbeau, il tua Coronis et son tout nouvel époux. Apollon eut toutefois le temps de sauver le foetus que la jeune femme portait en elle, le futur Asclépios, Esculape chez les Romains. Ce fils de Coronis et d'Apollon s'illustra par la suite en inventant la médecine et connut, pour cette raison, un destin aussi tragique que celui de sa mère. En effet, Zeus, jaloux de son pouvoir, et craignant que les hommes ne deviennent à leur tour immortels grâce au savoir d'Asclépios, le foudroya sans sommation.
Vous êtes vous-même Coronis qui conquiert à son corps défendant un homme. Votre relation fut ardente et brève (dans votre cas on notera que c'est votre mari qui éprouve une passion amoureuse pour vous). Comme Coronis vous pensez que votre avenir vous fera souffrir cruellement, Coronis parce que Apollon a une jeunesse éternelle contrairement à elle; vous, parce que vous répudiez la sexualité de façon hystérique. Coronis préféra un mortel à Apollon. Vous avez préféré les désirs primaires refoulés au modèle d'amour dicté par la société. Apollon tue le corbeau tout comme l'entourage social est porté à stigmatiser et condamner tout comportement en infraction avec les normes collectives jugées fondamentales et dominantes (hétérosexualité, mariage, procréation, famille, travail...). Apollon noircit le corbeau initialement d'une blancheur éclatante. Vous-même étiez d'une pureté étincelante du fait de votre conformisme. Mais suite à votre divorce et à la réhabilitation de vos anciens désirs vous avez l'impression que votre image est maculée et que votre réputation est ternie.

Asclépios, fils de Coronis et d'Apollon, finit par être foudroyé par Zeus qui craignait de voir son art médical rendre les hommes immortels. En ce qui vous concerne, ce n'est pas à proprement parler le fils né de votre premier mariage qui est symbolisé ici; il s'agit plutôt de votre bonheur engendré par l'union avec votre nouveau mode de vie après à votre divorce. Apollon a sauvé Asclépios tout comme la société tolère certains modes de vie que beaucoup cependant continuent de juger non orthodoxes. Mais Asclépios fut sur le point d'apporter l'immortalité aux hommes tout comme votre nouvelle vie fut sur le point de vous combler. Mais vous avez eu l'impression que ce nouveau choix de vie vous exposait en permanence à la déconsidération et au discrédit. C'est pourquoi vous y avez mis fin par un second mariage.
Ce corbeau de votre rêve vous regarde d'une façon qui vous pétrifie. Dans la mythologie grecque il y avait trois Gorgones, des soeurs monstrueuses, la tête auréolée de serpents en colère, des défenses de sanglier saillant des lèvres, des mains de bronze et des ailes d'or : Méduse, Euryale et Sthéno. Elles symbolisent l'ennemi à combattre. Les déformations monstrueuses de la psychée sont dues aux forces perverties des trois pulsions que sont la sociabilité, la sexualité et la spiritualité. Euryale serait la perversion sexuelle, Sthéno la perversion sociale, Méduse symboliserait la principale de ces pulsions : la pulsion spirituelle et évolutive pervertie en stagnation vaniteuse. Qui voyait la tête de Méduse en restait pétrifié car elle reflétait l'image d'une culpabilité personnelle issue de l'exaltation vaniteuse de nos désirs. On ne peut combattre cette culpabilité qu'en s'efforçant de réaliser la juste mesure, l'harmonie. C'est ce que symbolise, lorsque les Gorgones ou les Erinnyes poursuivent quelqu'un, l'entrée dans le temple d'Apollon, dieu de l'harmonie, comme dans un refuge.
Ce passage de votre rêve où l'oiseau macabre vous pétrifie de son regard signifie donc que vous êtes en proie à un sentiment de culpabilité profond quand vous regardez les désirs anciens avec lesquels vous avez renoué aux dépens des désirs auxquels votre modèle social d'appartenance vous prédestinait. Avez-vous réussi à surmonter cette culpabilité ? La suite de votre rêve va nous apporter des éclaircissements à ce sujet.

e- "J'entends des cris ou des gémissements étranges provenant d'une pièce située à l'étage" :
Le cri est le symbole du maléfique et du paralysant autant que de la fécondité, de l'amour, de la vie et de la joie d'exister. Il n'y a pas à s'étonner de cette double symbolique du cri puisque celui-ci peut être arraché par des émotions très différentes les unes des autres. On peut pousser un cri d'horreur, de peur, de joie, de surprise, d'admiration ou d'effroi. C'est ainsi que dans les lois irlandaises le cri a valeur de protestation légale. Mais il faut pour cela qu'il soit poussé dans des conditions de lieu et de temps généralement déterminées avec une grande précision. La valeur du cri est ici de toute évidence bénéfique puisqu'il a une fonction cathartique : il soulage en effet celui qui le pousse en lui permettant de se purger de tout son ressentiment. En criant sa colère, en ayant le droit de crier publiquement à l'injustice et à l'ignominie on retrouve l'apaisement et le plaisir de vivre. Souvenons-nous que la première entrée de l'air dans les poumons du nouveau-né se manifeste par un cri. Le cri apparaît bien comme une arme à la fois persuasive et dissuasive qui sauve celui qui le profère en anéantissant celui contre qui il est poussé. Tel un antidote qui, en tuant le virus, est bénéfique au patient, le cri ne peut être bénéfique qu'en étant maléfique. Rendre justice par exemple c'est nuire à l'agresseur pour soulager la victime. Dans le Coran le cri est personnifié et identifié au cataclysme. C'est le châtiment qui fond soudain sur les impies et les injustes (Sourate 7, 78). De même dans la Sourate 11, 67-68 : "Le cri saisit ceux qui avaient été injustes, et le matin suivant ils gisaient dans leurs demeures comme s'ils n'y avaient jamais habité." Le cri est comparé à l'ouragan envoyé par Dieu.
Vous dites que les cris et les gémissements que vous entendez dans votre rêve vous font penser à la fois à votre propre souffrance, celle que vous endurez dans l'ombre, sourdement depuis longtemps, mais aussi à celle d'autres personnes que vous aimeriez voir souffrir pour qu'ils expient les fautes qu'ils ont commises à votre égard. Votre culpabilité vous fait souffrir mais vous ne vous considérez pas pour autant comme une coupable mais comme une victime. Vous criez pour anéantir la source de votre souffrance et clamer votre innocence. Votre esprit durant votre rêve a, comme nous le faisons tous en rêve, renoué avec des procédés archaïques comme la magie. Selon la pensée magique, proférer c'est en quelque sorte produire. Clamer la colère vengeresse du Tout-Puissant c'est mobiliser les forces de celui-ci contre l'adversaire. Imiter les bruits de tonnerre de l'ouragan et des cataclysmes c'est provoquer la tempêteet la diriger sur l'ennemi. Le cri de l'homme, comme le votre en rêve, est un moyen de capter les énergies du cri du ciel. Certaines disciplines japonaises confèrent même aux initiés du suprême degré le pouvoir de tuer par un cri.
A la question : "Avez-vous surmonté la culpabilité qui vous entoure ?" on voit ici que même si ce n'est toujours pas le cas, cette même culpabilité ne vous a pas non plus vaincue puisque vous la combattez courageusement en cherchant à vaincre vos adversaires qui eux-memes poussent des cris provoqués par les souffrances que vous leur infligez. La pièce d'où proviennent ces cris et ces gémissements vous fait penser à une chambre à coucher. Or celle-ci a, sous toutes ses formes, un sens sexuel. Mais vous précisez que cette chambre à coucher vous est étrangère, ce qui signifie que, sans le vouloir, vous vous trouverez au courant d'une affaire privée d'une autre personne. Seule la suite de l'analyse du rêve pourra nous éclairer à ce sujet.

f- "Arrivée devant la porte je l'entrouvre et je vois d'abord une magnifique bibliothèque vitrée comprenant de nombreux ouvrages de droit dont certains étaient très anciens" :

Cette bibliothèque vous rappelle les souvenirs lointains de l'époque où vous étiez en instance de divorce. Dans le cabinet de votre avocat il y avait une bibliothèque semblable et sur son bureau, recouvert d'une plaque vitrée, étaient souvent déposés des dossiers ainsi que d'épais manuels juridiques. Vous vous souvenez avoir souvent pensé que seul le savoir pouvait conférer à votre avocat la compétence et l'habileté nécessaire à même de vous sortir victorieuse des conflits qui vous opposaient à votre mari. Vous aviez même l'impression d'avoir sacralisé la connaissance et déifié votre avocat en particulier quand vous l'appeliez "Maître" avec une profonde déférence pour lui signifier votre abnégation totale à la justice dont vous escomptiez tout.

La bibliothèque est en effet notre réserve de savoir, comme un trésor disponible. Généralement dans les rêves la bibliothèque fait allusion aux connaissances intellectuelles, au savoir livresque. Cependant on y rencontre souvent un vieux grimoire mystérieux semblable aux vieux livres de droit de votre rêve, souvent baignant dans la lumière, qui symbolise la connaissance, au sens plénier du terme, c'est-à-dire l'expérience vécue et enregistrée. Votre avocat est donc bien pour vous un sage, dépositaire de la science salvatrice. La manière dont vous décrivez vos visites chez votre avocat oblige à vous comparer à la Pythie, la prophétesse qui rendait des oracles au nom d'Apollon, à Delphes : vous êtes la Pythie, votre avocat est Apollon, le temple de Delphes est son bureau, et les oracles, qui étaient les réponses qu'on supposait faites par les dieux aux questions des hommes, sont les réponses souvent encourageantes de votre avocat aux questions que vous lui posiez sur le dénouement de votre situation. Pourquoi à ce moment là voyez-vous votre avocat, représenté indirectement par son cabinet de consultation ? Interrogeons la suite de votre rêve.

g- "Puis je vois un lit sur lequel mon mari actuel et une femme que je ne connais pas se livrent à un acte sexuel" :
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Avant tout on notera que c'est dans une seule et même pièce que vous voyez le flagrant délit d'adultère et la bibliothèque comprenant les livres de droit. En rêve la juxtaposition d'éléments a pour fonction d'exprimer entre eux une relation logique déterminée. Quel peut bien être ce lien ? On est en présence de deux idées : la justice implacable et le délit d'adultère caractérisé. Vous dites que votre deuxième époux fait preuve d'une fidélité irréprochable. Pourtant dans votre rêve il agit comme votre premier mari. A cet égard vous reconnaissez avoir souvent imaginé ce qui se passerait si votre deuxième mari se rendait coupable d'adultère. Dès lors vous vous sentiriez autorisée à réclamer le divorce et des dommages et intérêts pour préjudice moral. Vous soulignez aussi le fait que ce n'est pas sans nostalgie que vous vous abandonnez à ces rêveries diurnes.
Nous avons donc trouvé la nature du lien logique unissant l'idée de justice à celle d'adultère dans le chaînon manquant constitué par vos révélations : vous prêtez à votre second époux un comportement juridiquement condamnable qui puisse l'assimiler à votre premier mari. Celui-ci fit preuve de violences verbales et physiques à votre égard. Or l'adultère aussi est une forme de violence dans la mesure où il est une violation de la fidélité conjugale pouvant entraîner des blessures narcissiques et un

traumatisme conduisant parfois au suicide ou à l'homicide, voire aux deux. Vous souhaiteriez donc que votre mari actuel commette l'irréparable afin que soient créées par là les conditions idéales vous permettant de demander le divorce et ceci afin de mener une vie plus conforme à votre nature, celle que l'on a définie en interprétant la symbolique de la vieille maison, de l'absence de temps et de l'inquiétante étrangeté entre autres, et c'est toujours cette même nature qui vous inspire la nostalgie quand, au travers de vos rêveries diurnes vous imaginez les conséquences bénéfiques d'une éventuelle séparation définitive.
                                                     
                                                      Chéguenni Mohamed
                                                 
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