mardi 31 mai 2011

Fantasmes originaires



Ana Vidovic interprète Asturias, d'Isaac Albeniz

En psychanalyse, on appelle fantasme originaire (urphantasien en allemand) des scénarios imaginaires, d'ordre inconscient, communs à tous les humains (d'après Freud ou Roheim). Les mythes, comme certains rêves, mettent en scène ces images archaïques, que les premières expériences de la cure analytique ont permis d'identifier comme essentielles en tant qu’organisatrices de la vie fantasmatique et comme indifférentes aux expériences personnelles de chacun.
L'origine des fantasmes originaires a fait l’objet d’un large débat qui opposa Freud à plusieurs de ses élèves. Parmi ceux-ci, Jung émit l’idée que les fantasmes originaires relevaient d’une tendance phylogénique : il s’agit, selon lui, d’archétypes, c’est-à-dire d’images composant l’inconscient collectif. Freud contestait la pertinence de cette notion : si les mythes, les rêves, peuvent exprimer symboliquement des fantasmes universels, les images elles-mêmes ne peuvent constituer un patrimoine héréditaire. Il faisait plutôt découler ces scènes imaginaires de l'expérience de scènes réelles survenues dans la prime enfance, et leur universalité du fait que ces scènes sont, selon lui, tôt ou tard pareillement vécues par tout un chacun.
La scène de séduction, élaborée par Sigmund Freud dans sa compréhension de l'hystérie, est l'explication imaginaire de l'origine de la sexualité.
Dans un premier temps, Freud vit l'origine de ce fantasme imaginaire dans la scène réelle d'un viol subi dans l'enfance, ce qui l'amena à considérer le viol comme très fréquent. Il revint plus tard sur la pertinence d'une telle conception. Sándor Ferenczi s'interrogera sur ce renoncement, pensant que cette scène peut bien, dans certains cas, avoir pour origine une expérience authentique.
Le fantasme de castration est un fantasme originaire (idée inconsciente commune à l'ensemble des humains) selon lequel tout individu est primitivement pourvu d'un pénis, la petite fille apparaissant alors comme ayant été castrée. La femme vit donc, inconsciemment, dans l'angoisse d'avoir été castrée et l'homme dans celle du risque d'être castré : tout le comportement féminin est motivé par le désir inconscient de récupérer le pénis perdu (qui se traduit dans le conscient par une volonté floue de combler un manque) ; celui de l'homme est, lui, motivé par le désir inconscient de préserver son membre viril (désir qui se traduit dans le conscient par une “lutte d'honneur” contre tout risque d'amputation de son intégrité).
Freud voit l'origine de ce fantasme dans un fait réel survenu dans la petite enfance : c'est en constatant la différence anatomique des sexes et en s'interrogeant sur l'origine de cette différence que l'enfant élabore le fanstame de castration, puis acquiert l'angoisse qui en découle.
La scène originaire (ou scène primitive) décrit un rapport sexuel entre les parents du sujet, que le sujet apercevrait en l'interprétant comme agression de la mère par le père.
La vie intra utérine est d'abord comprise comme paradis perdu. Ferenczi théorisera plusieurs stades de toute-puissance, dont celui de toute puissance réelle : la vie foetale.
Ce terme apparaît dans les écrits de Freud en 1915 : « Il est possible que tous les fantasmes que l’on rencontre dans l’analyse aient été jadis, aux temps originaires de la famille humaine, réalité et qu’en créant des fantasmes, l’enfant comble seulement, à l’aide de la vérité préhistorique, les lacunes de la vérité individuelle ». En psychanalyse, les fantasmes originaires sont ceux qui « décrivent » l’origine du sujet (fantasme de scène primitive), la différenciation sexuelle (fantasme de castration) et la vie sexuelle (fantasme de séduction).
Terme introduit par Freud en 1915, les fantasmes originaires sont donc des structures fantasmatiques transmises phylogénétiquement.

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