samedi 26 février 2011

Aspects circadiens du sommeil


Le sommeil est régulé de plusieurs façons; la principale est la régulation circadienne (l'autre est la régulation homéostatique). Il existe des animaux diurnes, dont l'Homme fait parti, qui dorment la nuit; et des animaux nocturnes qui dorment le jour. En fait on devrait dire qui dorment majoritairement la nuit (ou le jour). Et oui : vous connaissez surement autour de vous un animal diurne qui fait une petite sieste après manger!


    Ce cycle est principalement régulé par la lumière, c'est pourquoi on recommande généralement de s'exposer à la lumière et de ne pas rester enfermé chez soi toute la journée.
    Durant 24 heures, plusieurs éléments physiologiques vont osciller pour revenir a leur valeur initiale. Tout d'abord la température : notre température interne va varier de 1 degré au cours du cycle. La température la plus basse est atteinte vers 4h du matin puis commence a remonter jusqu'en milieu d'après midi où ensuite elle va diminuer. Cette baisse de température corporelle est reliée à la facilité de notre endormissement; la hausse de la température se fait avec notre réveil. Mais il faut bien comprendre que cela est valable pour la température centrale/interne, qui est l'opposé de la température périphérique (membres). Ainsi le soir nous avons tendance à avoir les membres chauds pour perdre de la chaleur.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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    Plusieurs hormones ont une régulation circadienne avec un pic de sécrétion nocturne : hormone de croissance (growth hormone = GH), Prolactine, PTH, TSH et cortisol.
    Le cortisol a son pic de sécrétion à la fin de la nuit et favoriserait le réveil. 

Mécanismes de régulation du système circadien

L’homme possède la caractéristique d’avoir un sommeil monophasique c'est-à-dire qu’il va effectuer différents cycles de sommeil sans interruption, à l’opposé des animaux possédant un sommeil polyphasique (notamment les rongeurs) qui vont effectuer un cycle de sommeil puis un épisode d’éveil, ceci tout au long des 24h d’une journée. Chez l’homme, l’alternance éveil-sommeil est soumise à un rythme circadien avec un éveil diurne et un sommeil nocturne à l’opposé des animaux nocturnes qui sont majoritairement éveillé la nuit. Le système circadien est un mécanisme d’horloge, indépendant du sommeil ou de l’éveil précédant, qui régule l’alternance de phases à haute ou basse pression de sommeil. Sa période intrinsèque est proche de 24 heures et est synchronisé par l’alternance lumière-obscurité. Cette régulation se localise au niveau du noyau suprachiasmatique (SCN). Ce noyau est responsable des rythmes circadiens des fonctions physiologiques (libération des hormones, métabolisme, température corporelle, cycle veille-sommeil) observés chez les mammifères (Buijs et Kalsbeek, 2001). En effet, sa destruction bilatérale chez le rat et la souris entraine une perte de rythmicité circadienne, dont celle du cycle veille-sommeil (Ibuka et Kawamura, 1975; Ibuka et Coll., 1980).

Les neurones du SCN possèdent un mécanisme d’horloge, intrinsèque et génétique, assuré par une boucle de rétrocontrôle transcription/translation, induisant un cycle proche de 24 heures (Guilding et Piggins, 2007). Cette horloge interne est synchronisée par différents facteurs endogènes telle la mélatonine (Cassone et Coll., 1986), dont la sécrétion par la glande pinéale est sous le rétrocontrôle du SCN, et par différents facteurs environnementaux dont le plus important est le cycle lumière/obscurité imposant son rythme de 24 heures (Borbely, 1978).

Le SCN reçoit des informations photiques directement de la rétine via des projections glutamatergiques. Des informations non photiques sont fournis au SCN via la libération de neuropeptide Y au niveau des terminaisons du système géniculo-hypothalamique et via des entrées sérotoninergiques issues du raphé (Marchant et Coll., 1997; Glass et Coll., 2003). Ces facteurs mettent en jeux trois structures : la rétine, la bande intergéniculée du thalamus et le raphé dorsal. Le SCN reçoit également des entrées cognitives des cortex infralimbique, prélimbique et insulaire ; des entrées émotionnelles du système limbique (hippocampe et amygdale) et des entrées viscérales du noyau du tractus solitaire et du noyau parabrachial (Krout et Coll., 2002). L’histamine semble avoir un rôle important dans la régulation des rythmes circadiens par le SCN puisqu’il est innervé par de nombreuses fibres histaminergiques, issues du noyau tubéromamillaire de l’hypothalamus postérieur. De plus des neurones immunoréactifs à l’histamine mais n’exprimant pas son enzyme de synthèse (HDC) ont été marqués dans le SCN (Michelsen et Coll., 2005).

Evolution du sommeil avec l'âge


Le sommeil apparait avant la naissance de l'être humain, mais se modifie le long de la vie.
    A sa naissance, un bébé ne possède pas de vrai sommeil, on dit qu'il possède une phase de sommeil rapide et une phase de sommeil lent. De plus un bébé dort la majeure partie de la journée et ne possède pas de cycle circadien, le sommeil de l’enfant est réparti sur l’ensemble des 24 heures avec des cycles d’environ 3h. Durant son développement le sommeil va se modifier pour se constituer des stades classiques ainsi qu'une prédominance diurne. 
   Entre la 3ème semaine et le 3ème mois, le sommeil s’organise pour devenir essentiellement nocturne, avec 2 ou 3 siestes dans la journée, on dit communément que le bébé fait ses nuits (c'est à dire qu'il dort entre minuit et 5 h du matin en moyenne) ! Pendant toute cette période, le sommeil du bébé est très riche en sommeil paradoxal, le sommeil du rêve. Si vous regardez votre bébé dormir, vous pourrez deviner s’il est en sommeil paradoxal. Vous observerez de petits mouvements brefs des doigts, de petits sourires, de petits tressautements de la commissure des lèvres avec parfois des mouvements de succion. Il n’est pas réveillé. Il dort…
   A partir de 8 mois, le sommeil de l'enfant est très proche de celui de l'adulte. Il en diffère par l’importance du sommeil lent profond et du sommeil paradoxal et par la persistance de siestes jusqu'à environ 6 ans.
  Durant sa croissance l'enfant va dormir de moins en moins pour atteindre a la fin de l'adolescence son aspect adulte.
  Lors de la grossesse d'importantes modifications du sommeil vont avoir lieu. 
  Au cours du vieillissement le sommeil va devenir de plus en plus fragmenté, de plus en plus court et de moins en moins profond.

Sommeil et différences individuelles


Le sommeil est constitué des mêmes stades chez tous les individus (sauf pathologie). Mais il existe de grandes différences entre deux individus. Tout d'abord le sommeil va varier selon l'âge et le sexe.
    Une croyance erronée est que tout le monde possède un besoin de sommeil d'environ 7h30 à 8h par nuit. En fait c'est la moyenne des durées de sommeil qui est de 7h30. Et toute personne connaissant les statistiques comprendra le sens de cela. En fait le besoin individuel de sommeil varie énormément : il existe des courts dormeurs se sentant en forme toute la journée avec 5 à 7 heures de sommeil alors que pour les longs dormeurs le besoin de sommeil est entre 8 et 10 heures. Mais il existe des personnes ayant un besoin minime de sommeil, en effet avec 2 à 4 heures de sommeil ils sont efficaces le reste de la journée! C'est une chance incroyable et il ne faut surtout pas confondre ces très courts dormeurs avec des insomniaques!!! A l'opposé il existe des longs dormeurs qui ont besoin de plus de 10 heures de sommeil pour être en forme toute la journée. 
    Une autre différence entre 2 personnes est l'aspect circadien. On dit qu'il existe des personnes qui sont plus du matin et d'autres plus du soir. Si 2 personnes ont besoin de 6 heures de sommeil, la première peut avoir besoin de dormir de 22h à 4h du matin alors que la deuxième a besoin de dormir de 1h à 7h!!! 
    Un autre facteur est la rapidité à s'endormir, on parle de latence d'endormissement. Certaines personnes s'endorment en quelques minutes alors que pour d'autre il faut plusieurs dizaines de minutes.Mais attention car la privation de sommeil diminue cette latence tandis qu'essayer de dormir alors que ce n'est pas "notre" heure augmente cette latence. Encore une fois il ne faut pas se croire insomniaque si on ne peut dormir qu'à 2h du matin.
    Il existe donc des différences physiologiques à respecter pour un sommeil et un éveil de qualité. Une erreur souvent commise est l'obligation pour un couple (ou la famille entière) de se lever et de se coucher à la même heure. C'est l'idéal si ce rythme convient à tous, sinon il ne faut pas forcer quelqu'un à se lever ou à se coucher a une heure fixe. (Cela ne veut pas dire qu'il faut laisser son fils jouer à l'ordinateur jusqu'à 4h du matin pour se lever à 6h30 et aller à l'école!)
    Il existe aussi des différences intra-individuelles dans les caractéristiques du sommeil. Pour la femme il y a une variation au cours du cycle menstruel et pour tous il existe une variation saisonnière.

Fatigue et Somnolence


Fatigue et Somnolence sont deux symptômes communs que tout le monde à déjà pu rencontrer. Ce sont deux problèmes totalement distincts qui sont malheureusement trop souvent confondus. De plus si bien des gens sont parfois fatigués ou somnolents, l'amplitude de ce phénomène qu'ils peuvent rencontrer est totalement différente de celle que ressentent certains malades.
    En deux mots : nous allons dire que la somnolence est l'état précédent l'endormissement. Etre somnolent signifie devoir lutter contre le sommeil et lorsque la somnolence devient trop importante la personne s'endort. L'homme est normalement assez bien capable de lutter contre la somnolence, mais il faut toutefois ne pas dépasser ses limites. 
    La fatigue est quelque chose de différent et très difficile à décrire. De plus il semble exister différentes sortes de fatigues : physique, psychique... Rapidement, la fatigue physique est celle que l'on ressent après un gros effort physique, sensation d'épuisement et besoin de se reposer. La fatigue psychique est plutôt une difficulté de la personne à faire quelque chose : difficulté à se concentrer, à rester attentif. Cette fatigue est très problématique puisqu'elle est très peu comprise.

Rêves et cauchemars



Les rêves et les cauchemars sont produits au cours de la nuit lors du sommeil paradoxal. Les rêves surviennent chez tout le monde et si certaines personnes croient ne pas en faire c'est parce qu'ils ne s'en souviennent pas. Les cauchemars sont fréquents chez les enfants mais arrivent encore chez l'adulte, particulièrement en cas de stress ou d'angoisse ou dans certaines pathologies (Narcolepsie). 
    De grandes théories sur les rêves ont été élaborées, depuis leur rôle jusqu'à leur interprétation au détail près. Pendant le sommeil paradoxal le cerveau a une activité électrique semblable à celle de l'éveil permettant de produire le contenu des rêves. Mais à la différence de nos pensées lors de l'éveil les rêves ne sont pas cohérents, logiques; il manque dans ces derniers le caractère réaliste ou applicable de la réalité et de l'éveil. Cela ne veut pas dire qu'un rêve est toujours impossible mais que c'est souvent le cas. C'est pourquoi dans un rêve il n'y a pas de problème à voler dans le ciel puis a se retrouver chez soi, à se faire aspirer par le lavabo...
    Les rêves ont fréquemment un rapport avec un contenu de l'éveil du jour précédent. Mais cela n'est pas obligatoire et parfois cela ne représente qu'un fragment du rêve. Lors du sommeil paradoxal il va y avoir une réorganisation du contenu cérébral avec une réactivation des informations mais cela se fait naturellement sans volonté consciente.
 

       Interprêter les rêves. 

   Si certains pensent que les moindres détails de tous nos rêves ont une signification, je ne pense pas que ce soit réaliste puisque rappelons que dans nos rêves la cohérence et le caractère plausible des événements disparait. Par contre nous pouvons tirer des informations de la globalité du rêve. Par exemple les gens angoissés vont avoir tendance à rêver de choses angoissantes, alors qu'une personne tout a fait heureuse et sans soucis risque de faire des rêves plutôt positifs. Ensuite nous rêvons souvent de ce qui nous préoccupe : notre travail, un examen, un proche... Avec ces deux aspects nous pouvons déjà en apprendre un peu sur un rêve : par exemple si nous rêvons que notre patron nous fait des reproches ou que l'on fait la fête dans une salle d'examen.

   Mais lorsque nous ne sommes pas préoccupé (ou moins)  nos rêves vont alors pouvoir intégrer ce que nous avons aimés ce que nous avons désiré, des extraits de films. Mais je ne crois pas qu'il est vraiment utile de chercher un sens au contenu du rêve dans ces cas : Si j'ai rêvé de voler sur un balai après avoir vu le film Harry Potter c'est tout à fait normal mais cela ne m'avancera pas dans ma thèse sur les hypersomnies idiopathiques !!!
 

    Les événements extérieurs nous entourant lors de notre sommeil peuvent-ils être incorporés?

   Et bien la réponse est oui, ils le peuvent. Un exemple célèbre est un homme qui rêvait de se faire décapiter alors qu'un cadre lui tombait dessus pendant son sommeil. Mais là encore il ne faut pas renverser les choses et croire à un rêve prémonitoire. Des exemples d'éléments pouvant être incorporés dans nos rêves sont : le bruit, la lumière, les secousses dues a notre partenaire de lit, les sensations (objets en contact avec notre corps).
 

    Un rêve peut il nous apporter la solution à un problème!

   Tout d'abord je crois qu'il est plus prolifique de travailler sur un problème plutôt que de dormir!!! ;)
Mais comme durant le rêve les informations vont être réorganisées et réactivées il se peut que par hasard un rêve nous montre une solution d'un problème. Mais si vous n'y réfléchissez pas lors de l'éveil alors il n'y a "aucune" chance que le rêve vous apporte la solution miracle. 
Pour donner un exemple : je peux réfléchir à comment obtenir un nouveau travail la journée, et dans l'après midi je peux regarder des photos: dans mon rêve je vais peut-être voir mon parrain me proposer un travail ce qui pourrait être une solution (lui demander son aide). Mais je pourrais aussi rêver que mon palmier renferme un trésor et que je n'ai plus besoin de travailler...
    Dans le série Docteur House (House MD) on voit souvent le célèbre diagnostitien trouver une solution à son diagnostique énigmatique en dormant. Mais étant réveillé il ne pense qu'à ce diagnostique qui l'obsède d'ou son intégration dans ses rêves qui lui apporte parfois plus un indice manquant qu'une solution.
 

Citations :

Ce qui nous rassure du sommeil, c'est qu'on en sort, et qu'on en sort inchangé, puisqu'une interdiction bizarre nous empêche de rapporter avec nous l'exact résidu de nos songes.
[ Mémoires d'Hadrien (1951) ]
Marguerite Yourcenar

Le rêve est le gardien du sommeil.
Sigmund Freud

Le rêve est l'aphorisme du sommeil.
[ Papiers collés 1 (1973) ]
Georges Perros

Les rêves ont été créés pour qu'on ne s'ennuie pas pendant le sommeil.
Pierre Dac

Le sommeil, aventure sinistre de tous les soirs.
[ Nuits étroitement surveillées (1980) ]
Pierre Pachet

Madame Bovary et le rêve (Gustave Flaubert)


Le passage étudié, extrait de Madame Bovary de Gustave Flaubert, se situe après le mariage de l’héroïne avec Charles Bovary et juste après un long retour en arrière sur son éducation au couvent : ses aspirations puis sa rencontre déterminante avec la lingère, qui l’initiera à la littérature à l’eau de rose. Le début du chapitre VII se caractérise comme étant l’un des premiers monologues intérieurs, chose nouvelle, il donne ainsi accès au courant de conscience de la jeune femme. On s’aperçoit vite que face à la vie dont elle avait rêvé à travers les livres, son mariage avec Charles la déçoit.

Il s’agit d’abord de se demander s’il pouvait en être réellement autrement ou non. Le rêve de bonheur exprimé dans ce texte n’est-il pas, à l’évidence, compromis d’avance, et pourquoi ? Nous tâcherons ensuite de voir qui Flaubert rend responsable de la pathologie de la jeune femme, qui fait figure d’éternelle déçue, en s’appuyant sur les thèmes présents et les effets de style parfois surprenants. Pour finir, l’on verra quelle poétique Flaubert oppose à ceux dont il parodie la maîtrise du langage et critique les conséquences des œuvres.

Plus d’extraits de "Madame Bovary" de Gustave Flaubert, chapitre VII partie I

[...] C’est la voix des autres qu’on entend. Emma dit dans un autre extrait de Charles que « [sa] conversation était plate comme un trottoir de rue, et des idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire», mais la métaphore peut tout aussi bien illustrer ses propres pensées. Car, le personnage accueille dans son discours un autre discours qui n’est autre que l’écho du discours des autres, des idées reçues. Et ce présent de fiction qui survient dans le texte, encastré dans le monologue intérieur, ne s’explique surtout pas par le présent de vérité générale. [...]

[...] Sa voix est remplie d’idées reçues et Flaubert y empiète encore gaiement. Le style indirect libre réalise comme une expulsion de la personne. Et, si le jeu sur le langage est une expérience amusante pour Flaubert, cela ne l’est pas pour Emma, marionnette entre ses mains elle se retrouve reléguée au rang de non-personne (si tant est qu’un personnage, être de papier, puisse être envisagé ainsi). Elle n’a pas de réelle intériorité ou bien une d’emprunt, puisque son imaginaire est celui d’autres. [...]

[...] Il s’agit d’abord de se demander s’il pouvait en être réellement autrement ou non. Le rêve de bonheur exprimé dans ce texte n’est-il pas, à l’évidence, compromis d’avance, et pourquoi ? Nous tâcherons ensuite de voir qui Flaubert rend responsable de la pathologie de la jeune femme, qui fait figure d’éternelle déçue, en s’appuyant sur les thèmes présents et les effets de style parfois surprenants. Pour finir, l’on verra quelle poétique Flaubert oppose à ceux dont il parodie la maîtrise du langage et critique les conséquences des œuvres. [...]

Les mécanismes du sommeil



 



Le sommeil reste encore aujourd'hui un grand mystère. Depuis les années 1970, des laboratoires spécialisés ont vu le jour un peu partout dans le monde ce qui a permis de faire des progrès considérables sur ce sujet. Une des plus grandes innovations pour l'étude du sommeil et des différents cycles dont il est composé est l'Electroencéphalogramme (EEG).
Celui-ci permet de mesurer grâce à des électrodes placées sur le cuir chevelu l'activité électrique du cerveau (des neurones). En effet chaque neurone décharge à partir d'une stimulation spécifique à chacun (potentiel d'action). L'électrode va donc, à un moment, en fonction du nombre de neurones qui ont déchargé, faire la somme de l'activité qui se trouve  sous l'électrode et ainsi différencier les différents stades qui composent un cycle de sommeil.  
C'est en 1926 qu'est réalisé le premier EEG par Hans Berger.


  

                                   
L'EOG (l'électro-oculogramme) représente les mouvements oculaires.
L'EMG (L'électromyogramme) le tonus musculaire.
L'EEG (l'électroencéphalogramme) les différents stades.
    
Avec l'EEG on peut observer qu'au cours du sommeil l'activité des neurones évolue. Quand on dort les neurones vont se « synchroniser » et donc décharger à peu près en même temps, ce qui entraîne une augmentation de l'amplitude (les ondes seront plus hautes) et d'autre part, une baisse de la fréquence (c'est à dire qu'il y aura moins d'ondes pour une même période). Cela a permis d'identifier différents « stades » du sommeil. En effet en 1959, Michel Jouver a mis au point une classification qui divisait une nuit en différents cycles qui eux mêmes étaient composés de plusieurs stades, 5 au total :
     
 1/Le cycle & ses différents stades :

L'éveil :


Quand l'individu est éveillé on observe que l'EEG va émettre des ondes β, d'amplitude très faible et de fréquence saccadée.


Au moment du coucher apparaissent des ondes  α, appelées « relax éveil » (voir EEG (1) ). Elles sont caractérisées par leur fréquence un peu moins élevée que pour les ondes β et leur faible amplitude. Cela signifie donc que les neurones se déchargent à des moments différents les uns des autres comme tout au long d'une journée normale.

      
      On ne peut pas vraiment dire que ce stade fasse parti du « sommeil » en lui même. En effet nous sommes encore conscient, les sensations sont vives et proviennent de l'environnement extérieur mais une réduction de vigilance, du tonus musculaire et de la fréquence cardiaque sont visibles. 




Stade 1 et 2
:
      Le stade 1 est caractérisé par l'apparition d'onde σ : fréquence haute mais moins que pour les ondes α et amplitude basse (voir EEG (2)).      Sur l'EEG on remarque que plus on avance dans le cycle, plus l'amplitude augmente et la fréquence baisse. L'apparition du « complexe k » (voir EEG (3) ) détermine le début du stade 2, le premier stade de vrai sommeil.
    Le stade 1 est le moment de transition entre veille/sommeil (sommeil léger).
    Le stade 2 est le premier stade de « vrai » sommeil. C'est un sommeil lent mais pas encore profond.
Ces deux stades occupent environ 50% de sommeil total. L'individu est assoupi mais il est toujours très sensible à l'environnement extérieur.

Stade 3 et 4 :

      Les ondes vont continuées à se « ralentir » et on observe l'apparition d'onde d'amplitude supérieure, les ondes δ (voir EEG (4) ). Tous les neurones se sont synchronisés et se déchargent en même temps, ce qui entraîne l'augmentation de l'amplitude et la baisse prononcée de la fréquence : on entre dans le sommeil lent profond (stade 3-4).

      Le sommeil profond composé de ces deux stades occupe environ 100 minutes au cours d'une nuit normale de sommeil. Celui-ci a aussi tendance à diminuer avec l'âge, au profit du sommeil léger. En effet les personnes âgées dépensent moins d'énergie. Par conséquent, elles ont moins de récupération à faire.

Par ailleurs, au stade 3 une très légère activité musculaire persiste, mais les mouvements oculaires ont quasiment disparu (voir EOG et EMG).

De plus ce stade peut être perturbé par une pathologie, il s'agit de l'apnée du sommeil.

L'apnée du sommeil :

      Elle touche de 5 à 15% de la population selon l'âge. L'apnée du sommeil est définie par un arrêt respiratoire qui peut durer 10 secondes et qui provoque le réveil du dormeur. Ces arrêts peuvent se produire jusqu'à 100 fois par nuit, ce qui altère considérablement la qualité du sommeil.

      Puis au stade 4 les signes vitaux s'atténuent tout en devenant réguliers. C'est aussi à ce moment qu'ont lieu les divisions cellulaires (multiplication des cellules : la cellule mère se divise en plusieurs « cellules filles ») et la production de l'hormone  de croissance (produite par le système endocrinien : les cellules), importante pour l'enfant.
     C'est au stade 4 que le somnambulisme et les terreurs nocturnes peuvent se produire.

Le somnambulisme :

     C'est une pathologie plus fréquente chez les enfants qui se manifeste par des faits et gestes réalisés inconsciemment par un individu lors de son sommeil. Un tiers des enfants seraient somnambules un jour ou l'autre et environ 3% le seraient chaque mois. Ces épisodes disparaissent avec l'âge. Contrairement aux croyances, il n'est pas dangereux de réveiller un somnambule, cela peut juste être quelque peu difficile. Ces épisodes ne durent qu'environ 10 minutes mais toujours lors du sommeil lent profond.

Les terreurs nocturnes :

     Celles-ci se manifestent souvent chez les enfants. L'enfant peut se dresser sur son lit, en larmes, agité de soubresauts. Il hurle, son corps exprime les signes caractéristiques de la peur : sueurs, nausées… Mais contrairement aux cauchemars, lors desquels l'enfant n'est pas conscient, il est toujours endormi et ne reconnaît personne. Cette pathologie survient surtout quand l'enfant manque de sommeil. Mais elle peut également être un symptôme d'un conflit intérieur.


Stade 5 , le sommeil paradoxal (REM en anglais) :

     Au bout de 70-90 minutes, l'EEG se modifie brusquement et reprend la forme du stade 1 (ondes σ : fréquence haute, amplitude basse). On entre dans le sommeil paradoxal.

     Nous allons enfin parler du fameux sommeil paradoxal qui occupe 20 à 25% de notre nuit. Durant ce stade, l'activité électrique du cerveau et les mouvements oculaires (voir EOG) sont très importants. Le tonus musculaire est quasiment nul (voir EMG). L'activité est irrégulière et le cœur accélère et ralentit. C'est la période propice aux rêves et aux cauchemars les plus intenses même s'il est aussi possible de rêver durant les autres stades du sommeil, notamment durant le sommeil lent léger.
     Les rêves :


C'est un phénomène complexe dans lequel intervient l'hippocampe. En effet, il agit pendant le sommeil paradoxal et est responsable des images qui constituent le rêve.




Parfois le dormeur est perturbé par un élément extérieur (bruit, digestion difficile, changement de température, fièvre...) qui est susceptible de transformer le rêve et ses images paisibles en cauchemars. Certains cauchemars peuvent se reproduire plusieurs fois au cours d'une vie. Cette répétition peut être un signe de traumatisme, d'une peur, d'un souvenir désagréable enfoui qui resurgit durant le sommeil.




2/Une nuit de sommeil :


Une nuit de sommeil se compose de plusieurs cycles. Ici nous avons décrit les stades composant un cycle de sommeil. Il faut savoir qu'au cours d'une nuit ce cycle qui dure environ 90 min va se reproduire plusieurs fois. Selon l'âge des individus, la composition du cycle va différer. En effet certains vont passer plus de temps dans le sommeil léger que dans le sommeil paradoxal ou profond.

Avec l'avancé scientifique, il est possible maintenant de voir la composition de toute une nuit de sommeil, avec l'hypnogramme et donc de pouvoir identifier les problèmes que peuvent subir les individus durant leur sommeil.

Ci-contre, un exemple d'hypnogramme normal, c'est-à-dire pour individu adulte sain.











Voici un autre exemple d'hypnogramme mais sur celui-ci on peut constater une anomalie. En effet, on observe que l'individu ne dort pas au cours de sa nuit entre 2h et 4h30 : c'est une insomnie.